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Deux, la dualité, la division

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  Les lignes qui suivent ont martelé toute ma jeunesse, dont elles ont été comme l’anti-évangile, le   dysangile   de toute notre époque : «  L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes. Hommes libres et esclaves, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée  ». Et le chanteur Léonard Cohen ajoutait : «  There is a war between the rich and poor / A war between the man and the woman / There is a war between the ones who say there is a war / And the ones who say there isn’t  » (« Il y a une guerre entre les riches et les pauvres, une guerre entre les hommes et les femmes, une guerre entre ceux qui disent qu’il y a une guerre et ceux qui disent qu’il n’y en a pas »). A ces divisions encore simples ce sont ajoutés au fil des temps des cassures qui affectent ces groupes eux-mêmes : protestants et catholiques, jans

Réception

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Le Bandeau vient de tomber de tes yeux et tu « as vu la Lumière » au cours de cette soirée, comparable à nulle autre, et qui marquera certainement toute ta vie, quoique tu fasses à l’avenir de ce que tu as reçu ce soir. Pour chacun d’entre nous tous, le souvenir d’une telle soirée nous a accompagné fidèlement, nous a aidé à supporter parfois même l’insupportable Ce souvenir nous a lentement construit, notre personnalité autant que notre vie. Et après tout, c’est vrai, il m’a toujours semblé que la vie des francs-maçons était mieux construite et plus solide que celle des autres.   Ce soir, tu t’es aussi acquis, sans le savoir, des amis solides, qui manquent tant aux gens d’ordinaire. La solitude, tu pourras parfois la connaître, mais pas longtemps. Les FF feront le pas vers toi, viendront te chercher. Bien sûr, cet environnement n’a rien de naturel. Il est tout entier le produit de la volonté et de l’art, ce que nous appelons Tradition. Oui, tu viens d’entrer dans un monde étrange, comm

Un, l'unité, l'union

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  Il semble que la passion prédominante de l’humanité en ce moment soit de prendre des vacances, de partir, de voyager, de se retrouver seul ou en famille dans une vaste nature, si possible sauvage. Loin des obligations, des tyrannies de l’agenda, des intrications relationnelles. Ce syndrome de l’humanité confinée étant collectif, tout le monde se retrouve dans les moyens de transports insuffisants et les paysages surchargés de touristes à un point encore inégalé. En fait, on n’a jamais commandé autant d’avions et de paquebots, malgré la guerre et l’inflation. Le « monde d’après » semble vouloir ressembler fortement au « monde d’avant ». Mais la « Big Dem », l’instabilité professionnelle, est couplée avec l’idée de changer de vie, de retrouver l’espace et la distance nécessaire aux retrouvailles avec soi-même, aidées par l’épargne involontaire, après l’aliénation forcenée des années d’austérité. Il faut donc essayer de discerner dans la confusion du présent la lassitude du multiple et

Maffesoli chassé du GODF

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Michel Maffesoli est un sociologue, ancien professeur à La Sorbonne, qui avait poussé l’hostilité aux Lumières jusqu’à décerner un doctorat à Elizabeth Tessier pour une thèse sur l’astrologie, a professé depuis longtemps que l’individualisme, le matérialisme et le progressisme sont « saturés » (c’est son terme) : les « jeunes » (sa catégorie de référence) ne voulant plus vivre, selon lui, qu’en « tribus » émotionnelles, des identifications multiples, et de moments de communion sans lendemains ni conséquence. Pour lui, la chute de la représentation d’un avenir quelconque implique un présentisme émotionnel dans le lequel l’individualité se dissout, ainsi que la continuité personnelle. Cette évolution est présentée par lui comme un fait indiscutable, ce qui restreint la discussion et le rend assez arrogant dans les débats publics. Élève de Gilbert Durand et ami de Bruno Etienne, il s’inscrit dans cette lignée de francs-maçons qui ont voulu rendre à la raison des Lumières sa part de « rêve

Le tapis de Loge

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Aperçus sur l'initiation

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  Arnold Van Gennep (1873-1957) Les trois responsables de la Loge de recherches Villard de Honnecourt ont présenté, le mardi 11 octobre passé, le thème de l’année : l’initiation . Le RF Thierry Zarcone, le RF Marc-Henri Cassagne, le TVF Yves Hiver-Messeca ont, à cette occasion, largement élargi l’horizon des nombreux FF présents par un feu d’artifice d’érudition anthropologique et historique. Il faut reconnaître que l’initiation est bien un « fait social total », universel dans le temps et dans l’espace.  Il fut rappelé que le grand savant et folkloriste Arnold Van Gennep avait tenté en son temps de formaliser le déroulement de chaque initiation en trois étapes : rites de séparation, de marge, d’agrégation. On reviendra sur ce séquençage à propos de nos rites. Mais il avait également proposé un cadre ternaire pour l’ensemble du phénomène initiatique, à l’échelle de la vie humaine tout entière, de l’accouchement aux funérailles, en parlant de rites sociaux, fraternels, et chamaniques. A

Sur les "Constitutions" d’Anderson

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César pensait que les druides étaient venus d’Angleterre  ( Britannia à l’époque). A la fin de l’Empire romain, les druides réfugiés en Irlande se convertirent massivement au christianisme et fondèrent cette église celtique irlandaise, rivale de Rome, chère à Jean Markale. Les Irlandais, en effet, évangélisèrent avec succès les barbares, en particulier les Saxons en Angleterre, mais aussi les Francs, les Alémanes en Suisse, etc. Les Normands firent à la papauté de Rome le grand cadeau de détruire en partie cette église rivale. Mais l’Angleterre resta durablement divisée religieusement entre l’église des envahisseurs et de la haute société normande, romaine et francophone (le texte de la Chanson de Roland a été retrouvé à Londres) et l’église des barbares défendue par un grand saint, Thomas Beckett, contre le roi normand Henri Plantagenêt. A la Réforme, les pauvres barbares devinrent protestants et les puissants normands restèrent catholiques. Pour éviter une guerre de religions, le ro