Si je t'oublie, Jérusalem

Mon grand-père était né en 1889. Après son bac, il avait émis le vœu de poursuivre ses études et de devenir professeur de langues anciennes. Mais il fut envoyé par son père à Chicago pour apprendre le commerce, au service de l’usine. Dans une bonne famille-souche, l’usine était la raison d’être de tous ses membres, et particulièrement du fils aîné. J’ai gardé la photo du bateau sur lequel il partit à Chicago, le « Berengaria » de la Cunard Line, et je l’ai protégée d’un gros cadre de bois… noir. Si je vous en parle, ce n’est pas seulement pour le plaisir d’évoquer le souvenir de mon petit grand-papa, une des figures les plus respectées de mon enfance, c’est pour manifester ma gratitude à l’égard d’un héritage précieux entre tous : la lecture des Psaumes. A chaque repas familial, en effet, entre le plat et le dessert (le fromage est un plat en Suisse), mon grand-père envoyait un enfant chercher la Bible posée sur un présentoir, et nous faisait la lecture d’un passage de ...