Théologie et métaphysique maçonnique
Sporadiquement, des bouffées d’agressivité surgissent, au sein des LL, à propos de la Transcendance, soit que l’obédience la reconnaisse et l’impose, soit qu’elle la proscrive comme une « croyance particulière ». Mais un ordre initiatique, aussi fraternel soit-il, ne repose pas sur la tolérance en ce qui concerne ses principes, qui ne sont pas livrés à l’arbitraire du candidat, ni même de l’initié.
La première chose à rappeler, c’est que la FM n’a pas de théologie propre : elle ne sait pas qui est Dieu, et peut donc accueillir toutes les croyances et tous les doutes à ce sujet. Issue vraisemblablement des corporations de bâtisseurs, la FM a pour but de bâtir, et non d’amener l’âme au Ciel. C’est même dans la mesure où elle n’entend pas empiéter sur les églises qu’elle doit refuser toute théologie. Si la FM peut parfaitement ramener l’initié à la religion de son enfance, selon le souhait de Jung et de Guénon, elle n’ouvre pas d'elle-même sur la Foi.
En revanche, la FM possède une métaphysique, conforme à la tradition philosophique occidentale. Cette métaphysique contient trois axiomes fondamentaux, qui sont le cadre incontournable de sa pensée symbolique. Dans sa définition classique, la métaphysique parle du monde, de l’homme, et de dieu. Le monde est l’ensemble de tout ce qui est. L’homme est l’élément libre. Dieu est l’élément nécessaire.
La FM est donc nécessairement universaliste : le Temple idéal de l’humanité est pour tout le monde, sans exception d’ethnie, de classe, de race, de religion, de nation, de parti, d’obédience, de rite, etc. La FM défend par principe la liberté humaine, sans exception, même si la politique amène la nécessaire répartition du pouvoir, elle ne saurait déterminer la conscience, la pensée, l’expression, la circulation, la réunion, etc. des êtres humains. La FM reconnaît enfin l’existence d’un « être éternel et infini », comme le dit la prière du RER.
En revanche, parler de Dieu et du Ciel, de la Création, de l’Incarnation, etc. est du domaine des religions particulières. Seul le libre-arbitre s’impose dans la relation entre Dieu et l’homme.
En FM, tout est symbole : la Bible sur l’autel des serments est aussi un symbole, tout autant que l’équerre et le compas, les deux autres « grandes lumières ». De quoi la Bible est-elle le symbole ? Notre rituel dit : de la tradition écrite, alors même que les rituels ne doivent pas s’écrire, et moins encore se lire (ils ne sont connus que par des « divulgations », des trahisons).
Il faut donc définir précisément ce qui est la tradition écrite, et pour cela se référer aux fondateurs de la FM : les Constitutions d’Andersen présentent un historique (en partie mythique), et des statuts. La réponse est claire : la FM est de droit écrit, contrairement aux sectes livrées à l’inspiration du gourou, et l’expression et la discussion des principes philosophiques qui la constituent, les planches, peuvent s’écrire.
La Bible sur l'autel symbolise donc la métaphysique maçonnique et ses principes initiatiques, qui sont aujourd'hui comme dans l’Antiquité, l'unité du monde, la liberté de l’homme et l’éternité du divin.
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