Spiritualité sans Dieu ?
Hier soir à la GLDF pour écouter l’ancien GM
Alain Noël Dubart présenter à une réunion « ouverte » aux autres
obédiences françaises le thème difficile de la spiritualité contemporaine. À la
sortie, un ami me dit : « Ils carburent vraiment à la philosophie, à
la GLDF ». Certes, mais en rentrant (tard), je note qq réflexions
personnelles à ce sujet. D’abord une définition, rude. La spiritualité, pour
moi, n’est pas cool, ni zen, ni wellness, ni rien de publicitaire et d’aguicheur d’aucune manière.
Comme le dit Michel Foucault : « La
recherche, la pratique, l’expérience par lesquelles le sujet opère sur lui-même
les transformations nécessaires pour avoir accès à la vérité » (L’herméneutique du sujet, cours de 1982,
p.16).
Les religions ont été grandes pourvoyeuses de spiritualité :
aujourd’hui, dans le monde entier, jeunes et moins jeunes passent leurs
journées sur des textes en hébreu, en grec, en latin, en arabe, en sanscrit, en
chinois, en tibétain, en japonais, etc. à la recherche d’une sagesse et d’une
vérité. Mais, au fond, partout où le sujet veut se « transformer »activement, on retrouve une sorte de
spiritualité, même dans l’athlétisme… Mais les religions ne sont pas forcément
un bon support pour la spiritualité : l’esprit s’en mêle et il faut passer
du mythe à la raison par la théologie. L’argumentation produit le doute, et
donc la nécessité de la foi, qui est la grande impasse des religions :
maximum d’affect, minimum de vérité.
La foi produit inévitablement la mauvaise
foi, la contrainte, la violence, le terrorisme, etc. Une fois perdue, la foi
libère l’horizon du monde et de sa jouissance ouverte : le matérialisme.
Mais la quête du monde est forcément « futile » : peu de
matérialistes savent être parfaitement hédonistes. Le plaisir, l’argent, la
santé sont des leurres qui dévorent l’individu. De l’insatisfaction naît le
mécontentement de soi. Et avec le besoin de se dépasser revient la recherche de
spiritualité, la Quête du sens.
La FM oppose le symbole au mythe (même si elle
a produit des mythes, elle les considère d’abord comme des symboles : elle
ne demande aucune foi, seulement de la contemplation). Évidemment, la
philosophie menace le symbole autant que la théologie menace le mythe. Mais la
chance d’une « spiritualité sans dieu » est bien de considérer le
mythe comme un symbole, et pas le contraire. Mythe et symbole peuvent
coexister pacifiquement, voire se renforcer. En ce moment on rend un hommage
national au héros qui s’est sacrifié pour sauver des otages : il était à
la fois franc-maçon et catholique.
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